Carnet de route
Effusions " sensass " sur "Chamouny" !
Le 02/07/2025 par Jacques Charreyre
C'est en mode aventurier qu'il faut aborder ces bravades ascendantes. Cet appel du sommet de ses grands espaces demande une palpable détermination.
Les premières déclivités au départ du Mont (1100m) forgent les esprits, car la progression débute. Apercevoir le chalet des Bossons (1425m) à l'issue d'un passage boisé puis la base du glacier éponyme éveille l'énergie du groupe. Devant nous, la nature révèle d'autres facettes par un espace plus ouvert sur des versants rocheux illimités. Le replat du Corbeau (1900m), permet d'observer le glacier érodé que nous allons bientôt frôler en atteignant le gite à Balmat (2400m), symbolisé par ses rochers caverneux et l'hommage à la première ascension du Mont Blanc par Jacques Balmat et Michel Paccard le 7 Aout 1786.
Cette évasion face à nous, devient plus exaltante en franchissant par enjambées imposées ou foulées plus méthodiques la rocaille bordant la croute de glace en péril . La quiétude des cimes est troublée par la résonnance des chutes de sérac, des sources ténébreuses jaillissent d'un flot continu et puissant.
La Jonction (2587m) s'ouvre à nous, avec une sensation illusoire de finitude face aux sommets environnants : Aiguille de Cham, du Midi ,Mont Blanc du Tacul, sommet du Mont Blanc, Dôme du Goûter. Dans ce cadre idyllique l'achoppement des glaciers des Bossons et Taconnaz s'étiole mollement.
Reste maintenant à assumer une longue trace descendante avant de rejoindre aux Contamines le chalet ou échanges et repos sont de mise.
Ce matin au Crozat de Bionnassay (1330m) bon pied, bon œil à si méprendre, nous débutons une nouvelle course en "soi". A l'image de la veille nous sommes mis à contribution en forêt avant de relâcher cette "passade" avec la pente au niveau du surréaliste plateau de Bellevue (1801m) que le rail du Mont Blanc "rabiote" sans vergogne, se calant bientôt au Nid d'Aigle.
Cet "intermède" accompli, nous nous projetons dans l'immensité, via Plan Lachat (2415m), pointant du regard et à l'oreille les "affres" du temps sur le glacier de Bionnassay. Puis, nous continuons le chemin des Rognes agrémenté de lacets verdoyants, devenant de plus en plus marqués et pierreux au gré de la rampe. Ces paliers franchis nous "calent" au pied du promontoire signifiant l'ultime arête. Ici vous "butez" sur le rocher il faut avec patience et prudence bien poser le pied, chercher la prise, user du câblage, esquisser les névés plaqués à la falaise, jusqu'à l'échelle verticale signant l'apogée. Encore une poussée pour atteindre la cabane des Rognes (2768m) datant de 1890, édifiée sur la voie normale de l'extrême alpin.
Sur cette estrade tamisée d'une neige scintillante, nous scrutons l'étendue lumineuse imposante : Aiguille du Goûter, du Tricot, Piton des Italiens, Pointe du Bravais, au loin les Aravis, la Tournette. Une halte s'impose avant une "sieste virtuelle" en dévalant au col des Rognes (2685), au Nid d'Aigle (2372m) où nous croisons des colonnes peuplantes accédant par Tête Rousse au "gral". Il faut encore "taper" du bâton afin de "fendre" la passerelle du Bionnassay, le final se rapproche, le temps inclassable s'écoule jusqu' à la pose du sac.
Deux journées chaudes, du "déniv", de la solidarité, des panoramas "no limit" pour cette incursion bien réfléchie parmi les Cîmes avec un parfait "duo/guide" montagnard.
Jack.
