Carnet de route
Raid dans le Beaufortain en passant par la Pierra Menta - Février/Mars 2023
Le 03/03/2023 par Lenquette Violaine
Une fantastique semaine à la découverte du Beaufortain au sein du Club Alpin de Saint-Etienne. Une semaine transgénérationnelle, de 31 ans à 67 ans.
Nous sommes arrivés à Arêches le dimanche soir dans un appartement prévu pour 8 mais nous rentrerons à 12 en sortant les matelas de couchage ! Merci aux moins douillets. Si tôt arrivés et installés que notre chef encadrant bénévole Thierry nous propose de planifier définitivement la sortie du lendemain. Le BeRA est bon, risque 2 au-dessus de 2200m d’altitude. Belle journée en prévision ! Une face Est pour commencer car elle aura eu le temps de dégeler le matin pendant la montée.
Lundi, nous partons à pied depuis notre appartement. Nos DVA sont branchés et nous réalisons scrupuleusement le double test comme nous le ferons tous les jours cette semaine. Le manque de neige nous oblige à porter un peu les skis au départ de la randonnée mais rapidement, nous chaussons. Et c’est parti pour une superbe ascension à la Légette du Mirantin, à 2353m. Les derniers mètres seront gravis en crampons. Descente à ski avec une pente un peu raide au départ, 45°, mais une neige plutôt agréable à skier. Après ce bel effort, le repas est bien mérité. Ragaillardie, une partie du groupe se lance à l’assaut de Roche Plane à 2166m. Une très belle descente s’ensuit mais il ne faut pas trop tarder car la fin de journée approche et la sublimation de la neige a déjà commencé créant une couche plus dure en surface.
Les 1700m de d+ sont un bon test et rassurent Thierry sur le niveau physique du groupe. Belle entreprise que d’emmener 12 personnes dans un tel périple de 6 jours! Le soir nous nous régalons avec les lasagnes au saumon et aux épinards de Pascale, dont les talents de cuisinière ne sont plus un secret pour personne !
Des vacances certes, mais il n’est pas question de faire la grasse matinée : levé vers 7h tous les matins. En montagne, on retrouve un cycle circadien, le temps d’une semaine, nous suivons les pas de Sylvain Tesson. Mais contrairement à lui, nous ne sommes pas seuls mais en dortoirs. Les nuits sont rythmées par les ronfleurs et les bouchons d’oreille ne sont malheureusement pas toujours suffisants...
Mardi, c’est le début du raid. Départ avec les sacs de plus de 10kg sur le dos. Direction le refuge de la Coire par le Cormet d’Arêche depuis le Mappaz où nous garons les voitures. Le manque de neige nous oblige à alterner la montée à ski et à pied mais au-dessus de 1800m, c’est parti, la neige est définitivement là et elle ne nous quittera plus. L’après-midi, après avoir délesté nos sacs, nous allons jusqu’au Crêt du Bœuf. De retour, le poêle ronfle et sa chaleur réchauffe et répare nos corps sollicités par la montée. Chaussettes, chaussons, vêtements sèchent près des bûches coupées par Philippe, Thibault et Joan. Valérie et Xavier, les gardiens du refuge, régaleront nos papilles avec une tartiflette. Bonne nuit au refuge où les couvertures au nombre de 4 serviront bien aux 4 téméraires qui sont partis sans sac de couchage.
Mercredi, nous visons le col du Coin d’où nous débutons une belle traversée au-dessus de la combe du Lac d’Amour dans une belle neige poudreuse. Cette face Nord n’a pas subi de séquence de dégel et gel. La Pierra Menta, que Gargantua arracha du massif des Aravis et projeta d’un formidable coup de pied, culmine devant nous à 2714m et motive les troupes. Nous changeons alors de combe par le Passeur de la Mintaz. Un passage un peu raide nous oblige à déraper à ski avant d’entamer les premiers virages. Certains, par sécurité, préfèreront chausser les crampons. La sécurité avant tout ! Nous rejoignons ensuite le magnifique refuge de Presset, où nous goûtons au confort des refuges modernes. Après une petite pause, nous décidons de repartir à l’assaut de la pointe de Presset, juste derrière le refuge. Magnifique pente de 45° où certains s’entraîneront aux conversions et où d’autres feront une montée droit dans la pente avec les skis sur le sac. Une bonne bière et un « pépite-rateau » clôturent cette belle journée dans la bonne humeur tout en préparant la journée du lendemain car l’esprit Club Alpin c’est aussi transmettre l’autonomie en montagne. Parfait exercice de cartographie systémique en 4*4 ! N’oublions pas les valeurs du club, nous sommes un groupe et il est important que chacun sache ce que l’on va faire.
On a même droit à un cours de cartographie et de calcul d’azimut ! plus de secret sur l’utilisation de la boussole.
Jeudi : objectif le col de la Nova par la face Nord puis descente dans la face Sud. Mais avant, en attendant que notre face Sud soit en bonne condition, nous faisons un exercice de pelletage, sondage et recherche de victime d'avalanche. 2 équipes, et c'est parti pour creuser la plus belle plateforme! A mi-chemin dans la pente du col, nous mettons les crampons et finissons la montée avec les skis sur le dos. Nouvel exercice de pose d'ancrage et de genevoise. De très beaux virages dans la combe nous mènent jusqu’au refuge de la Balme où nous savourons un bon pique-nique bien mérité.
Vendredi : direction le refuge du plan de la Lai après une belle descente dans la combe de la Neuva. Benjamin et Violaine s'essayent à la création d'une trace sans conversion! Exercice des moins évidents. Pour les plus téméraires, nous repartons après le déjeuner jusqu’au col juste au nord du passage de l’Arpire. Descente dans une neige de printemps. Pour les autres, ce sera yoga, étirements, petite douche improvisée, le calendrier des Dieux du CAF se dessine. Nous serons les seuls occupants de ce refuge non gardé. Nous allons enfin savourer le kg riz, le kg de lentilles coraille, les 3 kg de compote de pommes, les chamallow de Thierry, le chocolat de Pierre, Vincent, Violaine, le limoncello de Philippe, la verveine et le jambon de Joan que nous avons portés dans nos sacs depuis le début du raid. A la bonne franquette et le plaisir de savourer ce que l’on a porté ! la satisfaction de l’autonomie. Nos bûcherons préférés ont repris la scie, notre soirée sera chaude et animée au rythme des belottes, de Love Letter et de Qwirkle.
Samedi sonne le retour. Un retour épique car nous suivrons des traces qui nous obligerons à faire demi-tour. Un demi-tour où chacun tente d’éviter les arbres, les branches, les cours d’eau. Si peu de monde est tombé jusqu’à présent, cette descente n’épargne personne. Ski qui dévale la pente, bâton qui s’enfouit dans la neige, relief trompeur. Une fois le Passage de la Charmette franchi, nous regagnons les véhicules à skis après 7000m de d+. Retour à Saint-Etienne vers 19h plein de couleurs, de souvenirs et de fromage de Beaufort.





