Carnet de route
un petit resumé de notre semaine dans les dolomites par notre ami Jack
Le 25/07/2024 par SAUMET Henri
Dolo...senza...limiti...
Parler de cette province alpestre du nord italien, c'est imaginer un horizon d'aiguilles pierreuses, audacieuses, culminantes aimantant les regards.
Parvenir à leurs pieds impose un long cheminement vers Ponte- Gardena, puis de "faire voile" par train et bus parmi vallées verdoyantes et chalets tyroliens sur San Candido et Val Campo. D'ici une montée paisible vous achemine dans une grande clairière herbifère, boisée ou émerge le rifugio Dreischuster (1626).
En cet endroit nous assimilons mieux le passé historique du sud Tyrol, son appartenance à l'empire Austro Hongrois, l'identité culturelle, linguistique avec le parler germanique et la langue ladine (sorte de patois),d'une région devenue Italienne en 1919 à la fin de la guerre.
Au jour deux, il faut quitter ce cadre pour une grimpée pentue vers les épaulements de la Torre di Toblin (2617),du mont Paterno (2746). D'en haut la vue sur les cathédrales rocheuses des Tre Cimes (Cima Grande 2999, Ovest (2973), Piccola (2857) attise nos appétences. L'approche du rifugio Locattelli (2405) nous interroge sur l'essence matérielle de la roche dolomie, au pourquoi de ces formes dominantes, élégantes. S'épancher à leur pieds nous inspire nécessitant une boucle en embase de la Forcella di Lavaredo (2454),de la Forcla del col de Mezo (2315). Nous poursuivons par une sente désertée, tamisée de pierriers l'itinéraire calculé. Nous testons au retour un tracé de via ferrata empruntant des galeries creusées par des militaires voilà une centaine d'années sur le Torre Toblin avant de rejoindre Locatelli dont la légende depuis 1883 à subit "un coup de canif "au nom du profit.
Au jour trois, mental intact nous quittons ce domaine propice aux bravades sportives pour grimpeurs en dévalant un secteur arboré, sec, caillouteux, parfois exposé sur le Val Rinbon, le Val Rientzal, le val de Ladro, menant au col Strudelkopsattel (2200).Une rencontre insolite avec un " troupelet" de vaches sur un méandre abrupte nous contraint à négocier le passage. Sommet abouti, s'impose alors un aller-retour "un peu short" au col de Spécie (2370). Rallier Pratopiazza (1991) magnifique demeure tyrolienne se fait à pas de velours au coeur de prairies fleurissantes, verdissantes.
Au jour quatre de l'air raréfié des cimes nous passons à celui des alpages ornés de mélèzes, de conifères trapus, de fleurs éparses au dessous de 2000 m (jacinthes des bois, gentianes, rhododendrons, lys martagons, edelweiss et encore...) Cette rando ascendante nous dirige sous l'aiguille Croda Rossa (3146), le Pas de Gaisselette (2260), poursuit par le col Sora Forno (2238) proche du rifugio Biella (2237) et le pied de la Croda del Becco (2810). Nous nous délestons de nos "bogges" au rifugio Munt- Sennes dans un enclos ou raisonnent cloches bovines, ou pâturent de longilignes chèvres à la toison effilée. Un effet photogénique rapproche les "capras" de nos compagnes, pendant que les compagnons se délectent d'une "bibine" de terroir.
Au jour cinq nos regards au matin s'orientent sur la croix dominante du Munteleja de Senes (2787),objectif défini avant de ce faufiler par une sente en crête sur les pentes du Plan de Corones (2507) dans le Parco Naturale Regionale delle Dolomiti d'Emprezzo qui fleurte avec le Trentin Haut-Adige. Nous atteignons ainsi le sommet de la station de San Vigilio di Marebbe préalable d'une descente longue et cassante en vallée (1201).
Ce soir logis cossu, soirée festive en l'honneur d'une quinqua sémillante.
Au jour six une "calèche" opportune nous déplace au rifugio Pederu (1548), pour un départ en côte sur les chalets et la chapelle de Lavarella (2050) dans un panorama coloré ,infréquenté de carte postale. Cette grimpée mène à la Forcella de Medesc (2533),sous le Piz de Lavarella (3055) en préambule d'un raidillon pentu, sinueux se jetant sur la Villa Stern (1468) ou règne une chaleur oppressante.
L'ascension finale sur rifugio Gardenaccia (2050) est cependant ponctuée en partie d'un opportun télésiège. Mais du plateau de pause, il faut piocher dans nos ressources pour franchir les paliers rapprochés d'un mur de défiance.
L' arrivée fastueuse nous invite à une une façon de vivre l'absolu face au mythique glacier de Marmolada (3003), nous sommes fiers de notre quête transalpine.
Au jour sept nous crapahutons sur le col de Gardenaccia (2548) au coeur d'une forêt d'arbrisseaux typiques. D'en haut nous optons pour un détour au Piz de Geai ou l'éternelle lumière anime les amateurs de clichés. Plus en amont nos éclaireurs derrière un mamelon surprennent un troupeau de chamois qui avec aisance s'en va nous toiser au loin. Ravis de ce face à face inattendu nous modelons les foulées de roches en pacages illustrant les paysages parcourus de jours en jours, jusqu'au rifugio Puez (2475).
Vient le moment de rallier le final en longeant une suprême cascade ,prolongée d'une trouée herbeuse ou nos pas s'amenuisent donnant une sensation d'immobilité.
De force et de volonté il faut d' ici à Selva di Gardena (1563) entamer comme à l'aller un retour ordonné fait de haltes ,de visites vers nos gites respectifs en saluant comme il se doit nos instigateurs chevronnés.
Jack.


